Lors de ma résidence de 10 mois de l’Académie des beaux-arts de Paris X Cité Internationale des Arts en 2022-2023, mes recherches m'amènent à analyser la transformation en conflit et tension des paysages créés par l’homme. Je me suis orienté vers une étude de l’iconographie des jardins d’essais de la bibliothèque historique du centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD). J’ai cherché à comprendre comment ces lieux, à but agronomiques, ont influencé les dynamiques sociales et environnementales de l’époque, et comment elles résonnent encore dans les défis contemporains. Cela a impliqué l’étude d’ouvrages spécialisés sur l’appropriation et la dépossession des espaces par l’exploitation des vivants à but commercial de 1902 à 1920. On y voit, en tournant les pages, des hommes qui ont pris le pouvoir sur des paysages. Ils y ont imposé leur récit que l’on pourrait décrire comme un véritable ravage écologique, social et mental. Dans son livre « Résister au désastre » (2019), Isabelle Stengers appelle cela le progrès, c’est-à-dire le droit d’exploiter, d’extraire, d’abuser et de défaire toutes les interdépendances. Des révélations différentes sont alors générées par le dessin, dont ce dernier comporte l’avantage de donner à voir une représentation sélective et marquante sans être dans la frontalité documentaire photographique. Je dessine alors des histoires désintoxiquées du pouvoir anesthésiant du progrès.