embrasse moi comme je mords

Je place des figures issues de notre culture contemporaine dans des contextes où elles vacillent. Déplacées, elles révèlent ce qui ne se dit pas, ce qui dérange, ce qui persiste sous la surface lisse de l’histoire partagée. Ce que je dessine n’est pas une critique frontale. C’est une mise en tension. Une friction entre les archétypes que nous croyons connaître et les matières qui les rongent : graphite poreux, couleurs déplacées, effacements assumés, surfaces fendues. À travers ces dialogues, des zones de vérité se dessinent. Il ne s’agit pas de dénoncer, mais de faire apparaître. L’ambivalence est là, toujours : entre beauté et altération, entre fascination et malaise. Je ne cherche pas à expliquer. Je donne forme à ce qui pulse encore dans les silences collectifs.

Derrière ces compositions, il y a celles et ceux qui rayonnent sans parole. Pas les victimes, mais les vivants sans langue. Les consciences brûlantes, que rien n’a pu éteindre. Celles dont l’intensité n’est pas visible mais irradie. Elles ne demandent pas la reconnaissance. Elles ne crient pas. Elles insistent.

Ce que j’offre, ce sont des fragments, des éclats. Pas pour raconter, mais pour transmettre une présence. Une mémoire active. Une densité qui persiste. Le dessin, alors, devient un seuil. Non pour comprendre, mais pour entrer en vibration avec ce qui, sous nos récits, continue de brûler.