Frédéric Malette est un artiste plasticien français dont la pratique du dessin contemporain déploie une langue propre : une langue d’avant les mots, née du silence, de la tension, et des charges affectives invisibles que les visages, les paysages et les histoires portent sans les dire.
Son œuvre ne se contente pas de représenter : elle capte. Elle révèle ce que le langage échoue à contenir. Ses dessins ne sont ni abstraits ni figuratifs : ce sont des systèmes vibratoires. Des cartographies d’affects. Des relevés d’intensité. Ils donnent à voir des champs relationnels, des échos, des disparitions, des frémissements. Des visages qui ne regardent pas. Des vides qui ne demandent pas à être comblés, mais à être reconnus.
Ce travail profondément incarné puise sa source dans une histoire intime, marquée par une enfance vécue en Afrique. Ce déracinement précoce, ce choc de langues — une première dépossession du verbal — l’ont structuré dans une perception du monde qui passe par la sensation, le rythme, la trace, l’empreinte. Le retour en France, dans une langue qu’il ne maîtrisait pas, a laissé en lui une fracture fondatrice. Depuis, il trace dans la matière ce que les mots n’ont jamais su recouvrir. Le dessin est devenu un seuil — une membrane sensible entre les vivants, une surface où les intensités s’impriment et les liens se cristallisent ou se désagrègent.
Cette démarche n’est pas illustratrice. Elle est sismographique. Chaque trait posé agit comme une antenne, une faille, une frontière mobile. Ce que Frédéric Malette capte, ce sont les ondes d’après : le silence après l’effondrement, la mémoire après l’arrachement, la survivance après l’éclipse. Et même en l’absence de toute parole, dans chaque ligne, quelque chose continue à vivre, à témoigner, à vibrer.
Son travail est également traversé par les grandes tensions contemporaines : les rapports entre l’humain et la nature, la transformation des territoires, les paysages colonisés ou désenchantés, les Intelligences Artificielles comme double synthétique du moi face à la peinture comme affirmation du réel sans double. Ce n’est pas un positionnement intellectuel, c’est une continuité de peau, car Frédéric Malette n’est pas seulement témoin. Non, il est, avant tout, un survivant de la disparition et du mutisme, portant en lui la mémoire d’une colonisation intime – celle du corps et de la langue – en écho à la post-mémoire coloniale transmise par sa famille. Il ne dessine pas pour revendiquer, son dessin est un outil de transmutation. Son geste est un outil de suture – non spectaculaire, mais inviolable – un passage du silence à la forme, du trauma à l’énergie.
Ce qu’il trace appartient à celles et ceux qui, un jour, ont perdu la voix à s’en effacer ou à trop crier. Il dessine ce qui reste quand tout s’est effondré, mais que la vibration demeure. Ce qui palpite encore dans la marge. Ce qui n’a pas disparu. Et ne disparaîtra pas.
C’est cela que son dessin incarne : un espace de vérité nue. Un lieu désaffecté où, paradoxalement, l’humanité recommence.
Contact : malettef@gmail.com / contact@catherineputman.com
| Expositions Personnelles | |
|---|---|
| 2023 | – Brûler les fleurs, sortie de résidence de l’Académie des beaux-arts de Paris X Cité internationale des arts, galerie Catherine Putman, Paris | 
| 2021 | – Art on Paper, salon international du dessin contemporain, galerie Catherine Putman, Bruxelles | 
| 2020 | – Un serpent dans le cœur, galerie Catherine Putman, Paris | 
| 2019 | – Il brûle comme le cœur, Centre d’Art Contemporain de Pontmain – Telle la Lune dans la gueule, galerie RDV, Nantes – Crier comme un orage, Centre d’art de Montrelais, Montréalais  | 
| 2016 | – La fragilité des héros, galerie Catherine Putman, Paris – Revoir les étoiles, La Serre, exposition de la ville de Saint-Étienne  | 
| 2015 | – Troie n’aura pas lieu, espace d’art contemporain Lasécu en partenariat avec Lille3000, Lille | 
| Expositions Collectives | |
|---|---|
| 2023 | – Luxembourg Art Week, galerie Catherine Putman, Luxembourg – Celui qui prenait sa tête pour un chapeau, commissaire Stéphanie Airaud et Éric Gouret, L’Atelier, Nantes – Drawing Now, Salon international du dessin contemporain, galerie Catherine Putman, Carreau du Temple, Paris  | 
| 2022 | – Drawing Now, Salon international du dessin contemporain, galerie Catherine Putman, Carreau du Temple, Paris | 
| 2021 | – Collection la petite collection, commissaire Pauline Lisowski, galerie Bertrand Grimont, Paris | 
| 2019 | – Paysages/Présages, commissaire collectif Köreper, 6b, Saint-Denis – Des fleurs pour Valentin, commissaire Frédéric Poincelet, galerie Catherine Putman, Paris  | 
| 2018 | – Drawing Now, Salon international du dessin contemporain, Focus de la galerie Catherine Putman, Paris – Ayant poussé la porte étroite qui chancelle, collection du FRAC des Pays de la Loire, centre d’art La Loge, Changé – Au sommet de la presqu’île : les couloirs du temps, Cairn de Barnenez, Sites mégalithiques de Barnenez, Carnac et Locmariaquer  | 
| Résidences | |
|---|---|
| 2023-2024 | – Académie des beaux-arts de Paris en association avec la Cité internationale des arts, Paris | 
| 2023 | – Centre d’art 2 angles, Flers, Normandie | 
| Directions Artistiques | |
|---|---|
| 2018-2019 | – Il brûle comme le cœur, carte blanche FRAC Bretagne, Centre d’Art Contemporain de Pontmain – Itinéraire graphique du pays de Lorient, biennale d’art graphique, Lorient – Chaque pétale est une illusion, carte blanche FRAC des Pays de la Loire, galerie 5, Angers  |